LES BIDONS
Je suis parti en juillet 2008. Je voulais et pouvais partir, seul, quelque part, ailleurs.
Le choix de l’Afrique s’est construit un peu par hasard mais un livre sur la falaise de Bandiagara, prêté par une amie, a fini par me convaincre de découvrir le Mali et plus particulièrement le pays Dogon.
Je suis parti avec pour bagages quelques appareils photos, un nom et un numéro de téléphone, passeports privilégiés pour franchir plus facilement la porte de l’Afrique. Mon voyage de Bamako à Sangha a été fait de rencontres, de surprises, de découvertes et d’images. J’ai photographié le Mali pour moi, pour les miens, pour tenter de partager certaines émotions.
À mon retour, en regardat ces photos, des points communs, des leitmotive, des fils rouges semblaient s’imposer. Mon regard s’était concentré notamment sur les bidons, les récipients, les contenants de plastique ou de fer.
Le bidon est une incongruité dans le paysage, une touche de couleurs artificielles dans un univers pur entre ciel et terre. Il est une criante intrusion de la modernité dans un monde traditionnel originel. Le bidon peut être plein tout autant qu’il peut être vide. Il déborde d’eau ou de rien. Le bidon est un paradoxe. Il a modifié les habitudes des villageois. Désormais, les enfants, grâce aux bidons en plastique, peuvent aller puiser l’eau au loin, le poids du contenant étant devenu négligeable, et par là même, il les asservit. Le bidon est plénitude et vacuité. Il fleurit dans les cours des maisons sur la falaise de Bandiagara au coeur d’un des sites classés au patrimoine de l’humanité par l’Unesco, mais reste vide la plupart du temps.
Il n’est qu’une promesse.